Estime de soi et entreprendre

Les études convergent sur l’idée que, pour chacun de nous, il est indispensable d’être au-dessus de la moyenne : 90% des hommes d’affaires s’estiment supérieurs à l’homme d’affaire moyen;
70% des élèves de grandes écoles pensent avoir des capacités supérieures à la moyenne; 90% des professeurs de lycée s’estiment supérieurs à leurs collègues.
C’est vrai pour les proches ; la plupart des individus se trouvent mieux que leurs amis, et estiment ceux-ci nettement mieux que la plupart des gens.
Quels sont les critères qui distinguent notre capacité à entreprendre? Prendre ou ne pas prendre des risques? Extraverti ou introverti ?
Tous ceux qui ont choisi d’entreprendre ou de créer une entreprise, ont décidé de passer à l’action, d’aller à la rencontre de partenaires, de clients.
Un projet d’entreprise se construit avec les autres, dans la vraie vie.

Tous ces points influencent notre estime de soi, tout comme notre estime de soi influence ces points.

Face à la critique, une personne extravertie, avec une bonne estime de soi, va réagir ouvertement et s’il est introverti, donc plus silencieux, il va ou peut se défendre avec vigueur après un certain temps. Chacun d’eux agit avec des réactions qui visent à préserver l’estime de soi.
A l’évidence, un groupe a une influence sur notre estime de soi.

Estime de soi et les autres

Pour appréhender cette question, voici deux études : l’une de soi face à des concurrents et l’autre montrant l’impact d’être choisi ou non par un groupe.
La première histoire concerne M. Propre et M. Crade. Dans un entretien pour un job d‘été, deux tests sur l’estime de soi ont été glissés parmi d’autres. Le premier est réalisé seul, et le second avec la participation d‘un comparse, étudiant aussi, venant pour le même entretien. M. Propre a des atouts favorables : beau, bien vêtu, un livre de métaphysique sous le bras; M. Crade lui est mal rasé, habits froissés avec le plus mauvais polar en poche.

Le second test est fait en présence tantôt de M. Crade et tantôt de M. Propre.
Avec M. Crade, les résultats s’envolent alors qu’avec M. Propre, ils ont plutôt tendance à flancher.
La seconde histoire concerne la constitution d’un groupe pour lequel des personnes sont choisies, pour venir travailler ensemble, ou rejetées, et devoir travailler seul. De même, un autre groupe est constitué, dans un second temps, avec cette fois des personnes prises au hasard, pour travailler en groupe ou seul.
Le résultat, cette fois, est que, dans tous les cas, l’estime de soi n’est pas influencée, sauf pour les personnes qui sont « refusées » par le groupe ; le rejet a comme impact une forte chute de l’estime de soi.
Êtrechoisi, ne fait que rassurer, alors qu’être exclu, déstabilise fortement.
L’humiliation subie dans un rejet est grande ; et dans ce sens, ce type de comportement a toujours un impact sur l’estime, si précieuse, de chacun.
Ensuite, si l’incidence sur notre estime de soi diffère de l’un à l’autre dans ce type de scenarii, c’est parce que cela dépend aussi du niveau de « stabilité » de celle-ci. Plus l’estime de soi est forte et stable, moins l’impact d’un rejet, d‘une humiliation, d’un échec va être fort.
Ilest facile d’imaginer que la stabilité vue plus haut facilite aussi la prise de risque. Et quand les bénéfices sont là, cela renforce d’autant plus son estime soi.
Dans toutes ces questions et résultats se trouvent aussi l’influence du pouvoir ; regardons son lien avec l’estime de soi…

Entreprendre

L’estime de soi fait partie de notre capital et influence notre capacité à passer à l’action.
Estime de soi et pouvoir

Pour commencer, si le pouvoir est aussi en lien avec le leadership, ce n’est pas sur le même registre que l’estime de soi.
Le premier touche la domination et la performance alors, qu’avec le second, nous sommes dans la sphère d‘être (ou se sentir) aimé [apprécié].
Voici 4 points, tous liés à l’estime de soi, qui caractérisent un homme, une femme de pouvoir :

  • Il-elle croit dans son destin : difficile d’imaginer d’être appelé à de grandes choses autrement
  • Il-elle voit grand : à chaque étape franchie, il-elle pense déjà à la suivante
  • Il-elle passe systématiquement à l’action : agir pour mettre en œuvre la réussite
  • Il-elle accepte d’échouer : c’est aussi apprendre et savoir rebondir en cas d’échec

Ce dernier point n’est pas des moindres.

Sur cette question, les Etats Unis sont dans une culture de Failure Marketing ou comment tirer profit des échecs. La question n’est pas de les éviter, mais d’apprendre à les dépasser.
Un autre piège, un peu similaire, serait de confondre un idéal « souhaité » avec un idéal « tout ou rien ». Le piège serait alors de s’enfermer dans un « je dois » plutôt que « je souhaite » et d’oublier de se laisser le droit de rebondir, si la situation le demande.

Entreprendre

In fine, pour entreprendre, l’estime de soi a toute son importance, car cela touche à la capacité à s’engager efficacement dans l’action. Si avoir une estime de soi haute ne donne pas de certitude (car autrement ce serait tomber dans le piège d’un idéal souhaité), faire face, entretenir ou réparer son estime de soi a du sens pour entreprendre, ceci avec une stabilité émotionnelle plus grande.

Faire face, entretenir ou réparer son estime de soi

Les mécanismes de défenses que nous avons tous, servent, parfois sans en avoir conscience, à rehausser ou défendre notre estime de soi quand elle est menacée.
Le déni (refuser d’admettre les problèmes) et la projection (attribuer ses sentiments ou difficultés aux autres) en sont deux exemples. C’est bien et utile pour amortir des situations et protéger notre estime de soi. Mais cela n’aide pas à la renforcer. La peur de l’échec est un des exemples où ces mécanismes de défense n’aident pas à se dépasser.
Je m’aime donc je suis ; développer son estime de soi pour entreprendre plus sereinement.
Entreprendre et Estime de soi : croire en soi | avoir une ambition saine | toujours passer à l’action | accepter d’échouer
Le moyen, c’est de favoriser son action par une plus grande conscience de soi, en particulier dans sa relation aux autres.
C’est bien dans la prise de conscience de ce que je fais, que tout se joue. Par ce que sans cette prise de conscience, je ne peux pas décider de changer.
Il est possible de travailler dessus, seul ou en groupe, avec son thérapeute, son coach, en séminaire Elément Humain…

Interview

de Mathilde MOREAU, Présidente et créatrice de La Cie du Café-Théâtre à Nantes – Metteur en scène – Direction artistique et de Régis CAZIN Dirigeant de Active Audio à Saint Herblain, premier prix « Stars et Métiers de l’innovation technologique » avec son projet phare le Sagitone (système de guidage sonore visant à faciliter l’autonomie des malvoyants dans un lieu public)
Qu’est-ce qu’évoque pour vous ce sujet « Estime de soi et entreprendre » ?
MM : J’ai la chance de ne pas me poser de question : est-ce que cela va marcher ? Je n’ai pas le temps pour ces questions. Ce qui m’importe, c’est le travail, l’énergie que j’apporte à ce lieu. Et si cela ne marche pas, je me relève. J’ai une image à tenir une réputation, alors j’avance. On ne fait pas toujours ce que l’on veut, et les évènements ne se passent pas toujours comme prévu. Ce n’est pas grave, j’avance quand même en m’adaptant, en improvisant.
RC : Entreprendre, c’est un projet, c’est aussi une foi, une confiance en l’avenir. Pour entreprendre, plus que l’estime de soi, c’est cette confiance en l’avenir qui nous tire, laquelle repose sur la confiance en soi, en ses intuitions, et en sa capacité d’anticipation. Le parallèle entre un entrepreneur et le sportif est flagrant : 90% de la réussite d’un joueur de tennis repose sur la confiance qu’il a dans le coup qu’il va donner ; sans cette confiance, la balle restera dans le filet. Évidemment, cette confiance doit reposer sur des éléments tangibles : analyse du risque, étude de marché, recherche de solutions techniques … et accepter que ce n’est pas parce que j’ai cherché à penser à tout que cela se passera pour autant comme prévu.
Depuis quand cette envie d’entreprendre est-elle là, ou croyez-vous à votre destin ? Et passez-vous toujours à l’action ?
MM : Depuis l’âge de 13 ans, j’ai des projets en tête comme celui-là. Même si ce n’est pas une ligne droite, tout le temps, je n’ai pas eu de doute et je suis passé à l’action. C’est mon univers ici le théâtre. Il me ressemble.
RC : A l’adolescence, je construisais des plans de maison et je me voyais architecte. Et c’est vers 17-18 ans que j’ai imaginé à terme diriger une entreprise. Ce qui m’attirait dans ce métier d’entrepreneur était l’attrait pour la stratégie et l’envie de construire quelque chose. A aucun moment, l’argent n’a été un moteur.
Quel est votre rapport à l’échec ?
MM : D’abord, c’est la colère … par ce que je n’en veux pas de l’échec. Et après, j’avance. Et je crois très fort qu’on se construit dans l’échec
RC : J’ai l’impression de n’avoir jamais connu l’échec. Peut-être parce-que je ne définis pas l’échec comme d’autres. Lorsque je vois le mur approcher, je me débats pour m’en sortir, avec une devise permanente : il n’y a pas de problème sans solution. Peut-être aussi parce que j’ai eu de la chance jusque-là, il faut savoir rester humble. Un élément important est le fait que j’accepte la remise en cause, l’adaptation aux situations et aux évènements. Il est important de savoir reconnaître que tu te trompes…
Que proposez-vous à celui qui n’ose pas ?
MM : Nous avons des cours de théâtre qui sont là pour aider celui qui n’ose pas. Tout le monde ne vient pas pour la même raison. Il y a ceux qui viennent pour « briser les chaînes », ceux qui sont là pour trouver leur moitié, ceux qui ne s’aiment pas et les « stars ». Certains quittent les cours pour des raisons de mutation, et les autres ne font pas l’effort. Peut-être à cause du regard des autres. Au début, quand on n’ose pas, on est là à « débiter du texte » et après c’est tout le corps qui parle…
RC : Oser, synonyme d’entreprendre, pour moi, c’est comme une thérapie de l’image de soi. Ne pas prendre de risque, c’est se priver du piquant qui rend la vie passionnante. Beaucoup d’actes de la vie nécessitent d’entreprendre. Ca n’est pas seulement une question de carrière professionnelle. Apprendre à jouer de la musique, tenter l’escalade d’une montagne ou construire sa maison, sont tous des actes d’entrepreneur. Cet équilibre entre le temps consacré à son travail, à sa famille et à soi-même est un élément clé de la sérénité et de l’estime de soi. Et donc, de maximiser ses chances de réussite dans tous les domaines.